« Les paysages sont lisses. Nous nous déplaçons sur un portulan grandeur nature aux noms effacés, criblé de trous livides qui se forment sous les pas. La carte est fragile : je dois saisir cet endroit où la brûlure s’arrête, tout près de la lisière brune qui se racornit et puis attendre que les lignes cessent de se creuser. Les maintenir droites, à l’horizontale comme à la verticale ; ignorer les échos flous et la brume diffuse des auréoles douloureuses. Viser le centre noir sans contours de mon champ de vision et avancer. Peut-être parviendrons-nous aux terres inconnues là où – disait-on – sont les lions. En trébuchant à chaque pas, sa main sur mon épaule, nous avançons aussi loin qu’il est possible. J’attends une porte qui s’ouvrira. Si je ne la vois pas, c’est qu’elle existe. Il me suffit de continuer à écrire à l’aveugle ou presque. »

L’autre côté de l’indifférence, Sidérante huit cent treize et L’Informelle, les trois novellas réunies ici, permettent à Léo Kennel, après Wohlzarénine et Osgharybian, de poursuivre l’exploration d’un univers de fiction marqué par l’exigence formelle et narrative.